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Poussière sur la ville est un essai poétique. Mon intention était de faire un film sur l’art africain et sur le cinéma sénégalais. Mais le politique s’est jeté dans la lentille.

 

La colonisation n’est pas terminée. À l’industrie touristique, qui refoule le Sénégalais dans un folklore inventé, s’ajoute la coopération internationale, l’habitude de l’assistanat, l’assujettissement économique par le Franc CFA, l’irrémédiable attirance des jeunes pour l’ailleurs occidental et la dépendance d’une production artistique presque entièrement structurée et formatée par les marchés culturels européens. Tout cela compose ce quelques Sénégalais osent nommer : le néocolonialisme.

 

Dans ce contexte, Fatou Kandé Senghor incarne la sagesse de l’artiste.  Dans ses films ou ses photographies, elle rejette systématiquement les raccourcis du folklore. Aux jeunes qui se rassemblent autour d’elle, elle apprend le plaisir d’oeuvrer au développement de son propre pays. Sortie du complexe d’infériorité, elle n'en tombe pas pour autant dans le piège du nationalisme ethnocentrique. Elle personnifie au contraire la synthèse épanouie entre l’enracinement et l’ouverture sur le monde.

 

Fatou m’a montré par l’exemple qu'avoir les pieds bien plantés dans sa terre natale nous donne la force de se hisser jusqu’à l’universel. Une fois notre identité réappropriée, assumée et autogérée, notre relation à l’autre, débarrassée de la peur, se fait plus sereine. Ce qu’on lui donne est plus juste. Connaissant nos propres forces et nos propres creux, ce qu’on reçoit de lui nous remplit d’une plus belle façon. 

Mot du réalisateur

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